Les Chroniques d'Arkhan

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Un soir en Arkhan 8

Servitude

" En avant ! "

a cohorte des brazélites se mit en branle en bon ordre au cri autoritaire du soldat magiocratique. Elle descendit lentement la colline en direction du nord, accompagnée un temps seulement par les adieux déchirant des femmes, des amis et des enfants. Les volontaires et autres engagés avaient beau marcher vers Belzélis, leur regard restait fixé sur les murs de leur cité. Les nombreuses traînées de l’étendard brazélite qui flottait hier encore fièrement s’agitaient tels les doigts d’une main dédaigneuse signifiant à ses sujets qu’ils devaient à présent s’en aller. C’est le cœur lourd qu’ils appréhendaient leur futur, et tous se remémoraient les quinze derniers soleils passés à préparer leur départ.

ls avaient d’abord dû annoncer à leurs proches leur obligation de rejoindre la troupe de volontaires en vue d’une mission dangereuse au-delà des lignes ennemies. La plupart pensaient même ne jamais revenir et n’avaient donc rien laissé derrière eux. Les autorités de Brazel avaient souhaité accompagner les leurs dans cette douloureuse épreuve et laissaient à Valormis, l’envoyé du Prime Magiocrate d’Hastria, le soin de trouver des remplaçants temporaires. Ceux qui n’avaient pas à régler leurs affaires d’argent s’étaient entraînés avec les soldats magiocratiques et les hommes de Spad le Rouge. Ce dernier, outre le fait d’être un mercenaire émérite, s’était révélé être un tacticien hors pair et avait d’ailleurs conçu les stratégies de défense commune qui serviraient tout au long du trajet.

es seuls ordres qui avaient pu filtrer du mystère qui entourait cette mission consistaient à se rendre à Belzélis au plus vite. Même si l’on savait que le front de la Guerre se situait un peu plus au nord de cette cité-état et que la Magiocratie y avait implanté une puissante garnison, on ne pouvait s’empêcher de repenser aux vieilles campagnes. Celui qui jadis avait porté le glaive avait ressorti son inconfortable armure et avait repris cette mine renfrognée de l’homme qui risque sa vie à chaque instant. Les sortilèges bénéfiques avaient laissé place aux incantations qui déchiraient les chairs et broyaient les os. L’honnête citoyen et l’artisan avaient retrouvé en eux cette force depuis longtemps oubliée qui leur permettraient d’accomplir des actes de courage.

’est exactement 24 Soleils après leur départ que la troupe arriva en vue de ce qui restait de Belzélis. Une cité-état sans doute autrefois majestueuse dont il ne subsistait que des remparts en ruine et des habitations saccagées. Le semblant d’ordre venait des campements magiocratiques disposés en son centre, à l’endroit même d’un gigantesque cratère, preuve que des affrontements de grande puissance s’étaient déroulés en ce lieu. Malgré l’état général de la cité, la vie grouillait en son sein, orcs et gobelins côtoyaient les hommes et des êtres hybrides étaient monnaie courante. Les Belzélites semblaient accepter la forte présence magiocratique avec une paisible résignation.

es Brazélites furent accueillis par les soldats arkhantes comme un petit contingent de renfort, mais ils déchantèrent vite lorsqu’on leur expliqua que la troupe ne resterait pas longtemps. Néanmoins, ceux qui savaient soigner et aider leur prochain furent mis à contribution et se rendirent compte de la pénurie de remède dont souffrait l’armée magiocratique. Les autres donnèrent des nouvelles de la Magiocratie aux soldats et aux initiés épuisés mais déterminés qui constituaient la garnison de Belzélis. Spad le Rouge, Gorgoth le chef de la Milice et Darius le légat cherchaient un endroit où il pourraient en toute sécurité discuter de l’ordre de mission afin de se préparer au mieux avant de repartir. La Guerre était palpable et balayait les derniers souvenirs de la Douce Providence de Brazel.

’est en le soir du 18ème Soleil de la Lune du Nain 1607 que tous furent rassemblés et conduits dans une bâtisse non loin des campements magiocratiques. Des hommes aux armes de Belzélis en gardaient l’entrée. Ils s’écartèrent à la vue de la troupe les laissant pénétrer dans l’imposante demeure de Magnus Ekkon, ancien Zakkar de cette cité maintenant détruite, et ami de longue date des Brazélites. L’heure n’était pas aux réjouissances mais les retrouvailles entre celui qui avait perdu une ville et ceux qui quittaient la leur raviverait, du moins pour un soir, l’étincelle des exploits passés même si beaucoup n’étaient plus là pour en parler...

GAROU 2001