Passages secrets

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" lus est en vous " avait devisé Yvresdel d’Estille du Val de la Maison Debrigas… Pour ceux que les délices fins ou les plaisirs subtils avaient épargnés, la chaleur de ces mots pleins d’espoir avait effacé, l’espace d’un instant, la vacuité apparente de ce gala. La superficialité des convives devait-elle être reçue comme un camouflet ou une quelconque brigue s’était-elle déroulée en aparté ? Pour beaucoup, cela avait surtout été l’occasion de goûter pour la première fois à la vie rêvée des nobles, pour d’autres le destin de nombreux Arkhantes s’y était joué.

es Brazélites retournèrent alors à leur réalité. Vingt cinq Soleils de marche rigoureuse les séparaient de leur foyer. Ceux-ci paraissaient si légers par rapport aux neuf Lunes qui les avaient vu prendre des risques inconsidérés pour leur patrie. Malgré le sentiment d’avoir accompli leur devoir plus qu’il ne le fallait, leur accueil ne fut pas digne de l’espoir qu’ils avaient mis en lui. Une fête où le cœur n’y était pas s’acheva très vite au couvre-feu nouvellement instauré.

’est que Brazel avait suivi son chemin durant leur absence, d’abord gérée par des intendants venus de Blanémis sous l’autorité distante de Valormis, 3ème conseiller du Prime Magiocrate de la province d’Hastria, Kyghmaïl de Seldas. Ceux-ci avaient finalisé la route reliant Mérézil à Brazel tout en maintenant la trésorerie en bon état. Malheureusement, la sécurité était alors devenue un concept qui échappait à la nuit.

eur succéda plus récemment la fermeté de Damion, vieille connaissance des Brazélites. Il s’était chargé de restaurer grâce à ses mystérieux veilleurs un semblant d’ordre. Le nouveau Prime Légat de Brazel avait également dédié ses propres fonds à la restauration d’édifices délaissés depuis trop longtemps. De nombreux travaux étaient d’ailleurs annoncés. Brazel était-elle sur le point de renaître tel l’oiseau de feu brasillant sur son blason ou changeait-elle insidieusement de visage ?

urant les 55 Soleils qui suivirent leur retour, les Brazélites firent connaissance avec les méthodes musclées de leur nouvelle autorité. La situation l’imposait pourtant. Brazel subissait de nombreux vols, des agressions nocturnes et même parfois, des meurtres.

ne des explications, outre la nouvelle route et son lot de grands voyageurs, résidait dans la recrudescence des délégations nobles. Celles-ci s’étaient installées aux abords de la ville, entraînant dans leur sillage bon nombre de parasites prêts à tout pour quelques Sols. Les Brazélites se souvenaient de leurs précédentes venues où elles avaient déversé bon nombre de Lüns dans des entreprises qui semblaient alors florissantes. Mais aujourd’hui, les mécènes étaient devenus des prédateurs. Les contacts avec la population étaient bien différents, de grandes choses se tramaient dans l’ombre. Le danger était bien réel, Brazel était devenue un de leur lieu de luttes d’influence où le chaos régnait en maître.

lus que jamais le climat était devenu impropice aux fouilles effectuées par la Guilde pour le compte de la Magiocratie. Le plus grand mystère entourait l’état actuel du travail pour lequel la plupart des Maîtres de magie avaient déjà consacré quatre années de leur vie.

es absences, rêves et autres symptômes de la Malédiction de Brazel s’étaient récemment amplifiés et contribuaient au climat tendu de cette antique citadelle Kylgor. Même pour les plus vieux habitants cela devenait fort gênant, voire préoccupant.

n recensait déjà plusieurs disparitions restées sans réponse. Des ombres arpentaient les abords de la muraille à la nuit tombée. Des témoignages faisaient état de sombres réunions dans les anciennes galeries qui avaient autrefois été scellées par les autorités. Et la Seconde Guerre Noire semblait inéluctablement se rapprocher des frontières magiocratiques. La ville toute entière poussait à l’exil.

ui, Brazel avait bien changé et en ce Soleil du Renouveau Saisonnier 1608, date de son quatrième anniversaire, personne ne reconnaissait ce lieu dans lequel tous les espoirs avaient jadis été placés. Un voile opaque avait lentement recouvert les cœurs et le phénix s’était éteint. Subsistait-il dans le plus grand secret, une petite flamme prête à raviver le feu d’antan ? Pour le savoir, il fallait être un Brazélite...