Le plan

ibres ! Nous sommes libres ! ". Cette fois-ci, ce n'était plus un rêve. Adieu les longues marches, fers aux poignets ; les larmes aux yeux, les colons goûtaient enfin à la liberté après tant de Lunes passées sous le joug de l'armée du Nord. Ils avaient d'abord pensé être vendus comme esclaves, mais l'insolite alliance avec l'étrange Magnus, Zakkar de Belzélis, leur avait permis de reprendre leur destin en main.

edevables envers celui qui avait trahi les forces du Nord pour sauver des Arkhantes, les colons se devaient d'aider cet homme à trouver un moyen de libérer Belzélis de l'armée du Prince. Mais la tâche se montra bien plus ardue que prévue. Comme à chaque fois, les ennemis savaient. Ils avaient été maîtres de la situation ou presque. Il était des voies que certains colons savaient ouvrir par leur candeur alors que les Stratèges ne pouvaient faire de même malgré toute leur puissance. Encore une fois, ils avaient été l'outil du plan d'autrui. Cette fatalité avait touché bien des cœurs. On racontait que la destinée de la colonie était toute tracée, qu'on ne pouvait rien y faire, qu'on était esclave du futur... La preuve en était que l'on avait même retrouvé une prophétie d'Arnoton de Valorgue, le célèbre visionnaire des temps anciens, qui relatait les récentes mésaventures des colons. Même si cela posait certaines questions sur l'importance des actes accomplis, on ne pouvait s'empêcher d'y voir une preuve supplémentaire de ce destin inaliénable.

ais tout n'était pas si négatif, la longue détention avait réveillé des valeurs enfouies. Durant tout ce temps où les colons avaient subi les pires humiliations, ils s'étaient montrés si profondément solidaires que l'on avait assisté à un élan de bonté et d'altruisme jamais vu auparavant. La brute avait porté le lâche, le prétentieux avait pleuré à côté du quidam et le guerrier avait jeûné pour le chétif. Maintenant que la vie avait repris ses droits, que resterait-il de cette épreuve ? Les colons allaient-ils retomber dans leurs scissions dérisoires face à ce qui les attendaient ? Ou allaient-ils retenir les leçons du passé pour en devenir plus forts ?

ous se posaient ces questions alors que la colonie faisait route vers le relais de Yachnir. Ce petit village sis en plein dans les terres occupées offrirait l'occasion de reprendre des forces. Les ordres magiocratiques avaient été clairs, aller à Yachnir où on les attendrait, reprendre des forces et reconquérir le poste frontière. L'heure allait être aux renseignements. Cela faisait si longtemps que les colons n'avaient pas eu de vraies nouvelles de la Seconde Guerre Noire.

'est enfin après une longue et pénible marche que les colons arrivent, libres, en vue de Yachnir en ce 11ème Soleil de la Lune du Serpent de l'an 1604. Un petit contingent de l'armée magiocratique a établi son camp en ces lieux. Le drapeau pourpre et noir de la Magiocratie flotte fièrement au-dessus de celui de l'Ordre du Loup d'Argent. Les guetteurs qui avaient aperçu la troupe bien avant qu'elle ne soit en vue du hameau, la guident vers le bâtiment principal où, disent-ils, " Tout le monde brûle de savoir ce qui vous est arrivé... ". Quelqu'un se serait-il finalement soucié de l'avenir des colons ? Ou alors seraient-ils les éléments salutaires de ce que l'on aimerait à appeler un ... plan ?