Les fleurs du Mal

es colons de Fytsalernos auraient dû s'attrister de la perte de leurs nombreux compagnons lors du conflit avec la bête dévoreuse de cadavres et ses abominations. Mais ils n'en eurent pas le temps, car les tristes événements qui suivirent furent bien pires encore.

n effet, le lendemain à l'aube, un détachement de l'armée du Nord assiégea le fortin de Fytsalernos et, ayant fait prisonniers presque tous les colons, repartit vers une destination inconnue dans les terribles territoires de l'Ennemi, laissant le fortin occupé par des orcs. Dès lors, personne ne pleura le défunt Prévôt, ni ceux qui avaient donné leur vie le soir du 28ème soleil de la Lune du Sphinx. Chacun s'apitoya sur son propre sort. Les yeux s'embrumèrent et les paroles se firent rares.

e passage par les cols et les failles qui protégeaient, soit-disant, l'ancienne prévôté, fut d'une rare rudesse. Le froid mordait les membres et la fatigue était omniprésente ; si bien que certains colons moururent et leurs corps furent laissés à l'abandon.

'arrivée dans des paysages plus plats réchauffa les cœurs et les membres. La nourriture s'améliora, mais les contrôles aussi. Les prisonniers furent mis à nu pour être fouillés et pendant plus d'une semaine les selles furent inspectées. Plus rien ne subsistait chez les colons mis à part leur désir de liberté. La nourriture diminua pour les affaiblir physiquement, mais le traitement n'était pas abusif. Ils étaient même traités avec plus de déférence que ce à quoi ils ne s'étaient attendus. Le stratège au faciès horrible semblait se préoccuper beaucoup de leur état physique. Et cela n'était pas pour rassurer les colons, même si cela empêcha certains abus de la part de leurs tortionnaires orcs.

haque Soleil n'était qu'une longue et harassante procession vers ce que les prisonniers commencèrent à appeler les mines de l'Oubli. Tous étaient persuadés de finir leur vie en travaux forcés, servant une cause qui n'était pas la leur. Et grande fut la surprise lorsque la colonie arriva en vue d'une grande forteresse surplombant une haute falaise en bas de laquelle étaient rangés en bon ordre les campements de plusieurs centaines de soldats orcs.

es colons furent emmenés dans la forteresse et se retrouvèrent dans des geôles aménagées avec bien plus de soin que prévu. Chacun pouvait se reposer, se laver, se raser et manger à sa guise. La prison en devenait presque agréable. Et lors de la journée du 9ème soleil de la Lune de l'Elfe, tous furent encore plus surpris d'apprendre qu'ils étaient invités à un banquet avec le maître de ces lieux. La stupéfaction était à son comble mais toujours est-il que lorsque le soir fut venu, les geôles s'ouvrirent et l'espoir resurgit du plus endurci des cœurs. Car on ne réserve pareil accueil qu'à quelqu'un que l'on estime...